Série jurassique de Cinq Coux (Thorigné)

POC0010

Localisation

Aigondigné

Rareté

Nationale

Intérêt patrimonial

Critère Note Coefficient Note pondérée
Géologique principal 2 4 8
Géologique secondaire 2 3 6
Pédagogique 3 3 9
Histoire des sciences 1 2 2
Rareté du site 2 2 4
État de conservation 1 2 2
Total 31 / 48

Besoin de protection

Critère Note
Intérêt patrimonial 3
Menaces anthropiques 1
Vulnérabilité naturelle 2
Protection effective 3
Total 9

Description physique

Carrière à ciel ouvert abandonnée, constituée de deux excavations contiguës, située à 1,2 km au nord-est du centre-bourg de Thorigné, sur le versant droit de la vallée du Lambon. Cette carrière, structurée en deux paliers, conserve les traces d'une exploitation industrielle (transformateur électrique, terril de morts-terrains). Elle est partiellement comblée et envahie par la végétation./nLorsque son exploitation a cessé, cette carrière a été utilisée comme lieu de stockage d'éléments préfabriqués en béton (environ 500 t/an) et est devenue une décharge communale.

Code GILGES

C : Paléoenvironnemental, Paléoclimatologie, Géologie sédimentaire globale

Description géologique

La carrière de Cinq Coux expose un front de taille d'une trentaine de mètres de hauteur. Il recoupe cinq formations qui sont dans l'ordre chronologique de leur dépôt :- des calcaires dolomitiques (2,00 m). Bleutés ou roux, parfois silicifiés, ils renferment des géodes minéralisées (fluorine cubique jaune, bayrtine crêtée), ces dernières étant fréquentes au niveau des joints de stratification. Ils se terminent par une discontinuité sédimentaire et sont ravinés par les dépôts sus-jacents qui comblent des fissures étroites et profondes. Ils représentent le Sinémuro-Hettangien ;- des dolomies gréseuses (10,00 m). Grises ou rousses et en bancs décimétriques, ces dolomies sont associées à des arkoses conglomératiques et à des grès dolomitiques. Elles se subdivisent en quatre séquences lithologiques qui débutent chacune par un niveau gréseux ou conglomératique et s'achève par un banc carbonaté. A différents niveaux apparaissent des nodules siliceux et des silex noirâtres de même que des géodes minéralisées (barytine crêtée, calcite...). S'y ajoutent des "mouches" de blende et de galène, relativement rares et une lumachelle à Entolium disciformis. Elles sont limitées par une surface durçie et oxydée et caractérisent le Pliensbachien ;- des marnes sableuses, des calcaires argileux à oolithes ferrugineuses, des marnes pyriteuses à Variamussium pumilum puis des calcaires argileux et des marnes en bancs décimétriques et enfin des calcaires argileux rougeâtres à oolithes ferrugineuses. Particulièrement fossilifère (ammonites), cet ensemble comprend le Toarcien (8,50 m) et l'Aalénien (1,60 m). L'Aalénien est séparé du Toarcien par une lumachelle à huîtres cf. Catinularia beaumonti (RIVIERE) d'extension régionale et vers son sommet montre une surface irrégulière, oxydée, usée et ravinée correspondant à une discontinuité sédimentaire ; - des calcaires de nature variable (8,00 m). Ils débutent par une dalle fossilifère, très dure, riche en organismes benthiques et pélagiques mais aussi en oolithes ferrugineuses, à laquelle succèdent des calcaires gris à fragments phosphatés de fossiles. Equivalents des "Calcaires à pavés" de Niort, ces niveaux sont surmontés par des calcaires blanchâtres où les spongiaires et les cherts sont fréquents puis par des calcaires à ammonites (notamment des formes déroulées - dites hétéromorphes - de la famille des Spiroceratidae) révélant une surface usée et quatre niveaux condensés à nodules phosphatés. Ils montrent également des poches de dissolution remplies d'argiles rouges et se rapportent au Bajocien.Les dépôts de Sinémuro-Hettangien se sont formés dans un environnement isolé du milieu marin franc, confiné, de type sublagunaire. De la même façon, les différents niveaux du Pliensbachien témoignent d'un environnement relativement peu profond mais ouvert sur l'océan (les intercalations gréseuses et arkosiques signalent la proximité du domaine continental). En revanche, les calcaires argileux et les marnes à ammonites du Toarcien et de l'Aalénien attestent un milieu nettement plus profond. Enfin, les calcaires du Bajocien à faune benthique et pélagique marquent une tendance à la diminution de la profondeur.

Intérêt géologique principal

Intérêt : Stratigraphie

Justification : Coupe complémentaire du stratotype historique (ou holostratotype) du Toarcien. Hypostratotype du Bajocien. Succession de cinq formations se rapportant aux étages Sinémuro-Hettangien, Pliensbachien, Toarcien, Aalénien et Bajocien : coupe parmi les plus complètes pour le Jurassique inférieur et moyen du Centre-Ouest de la France.

Intérêt(s) géologique(s) secondaire(s)

Intérêts Justification
Minéralogie Minéralisations variées (barytine, fluorite, calcite...) à mettre en relation avec le gisement plombo-zincifère de Melle.
Paléontologie Formations fossilifères, notamment le Bajocien connu pour ses ammonites déroulées (dites hétéromorphes).
Ressources naturelles Calcaires concassés pour produire des matériaux d'empierrement (granulats).
Sédimentologie Modalités de la sédimentation à l'aplomb du haut-fond vendéen entre le Pliensbachien et le Bajocien. Discontinuités sédimentaires majeures ou régionales (cf. n°1, n°3 et n°7 sensu GABILLY et al., 1985). Niveaux condensés à nodules phosphatés.

Intérêt(s) pédagogique(s)

Intérêt : Pour les étudiants, Pour les scolaires

Justification : Sédimentation marine. Paléoenvironnements marins et faunes associées. Transgression marine du Jurassique inférieur. Sédimentation de plate-forme et de bassin. Discontinuités sédimentaires. Evolution des espèces et biochronologie (ammonites). Paléogéographie de l'Ouest de la France de l'Hettangien au Bajocien. Genèse des minéralisations.

Intérêt pour l'histoire de la géologie

Contribution à la révision de l'étage Toarcien dans la région-type (Poitou). Locus typicus de plusieurs espèces d'ammonites déroulées (ou hétéromorphes) du Bajocien.